Alain FLAMAND

Né en 1943, très tôt passionné par l’Histoire, je m’engage dans des études de sciences politiques et de lettres, licences, maitrises, DEA. Je découvre au Maroc, dès 1969, le bonheur d’enseigner d’abord au Lycée Lyautey puis à l’ISCAE, en même temps qu’un pays et des hommes qui me fascinent. C’est là qu’après la découverte de l’oeuvre d’André Malraux j’approfondis mon rapport à la peinture, grâce à la forte amitié qui me lie à quelques artistes marocains de talent !

En 1984 cette amitié s’épanouit dans un ouvrage, sorte de regard personnel sur l’oeuvre d’artistes que j’ai eu la chance de rencontrer. Je n’ai plus cessé, de retour, de creuser mon amour de la peinture, en cela enfant à ma façon de ce pays, de ses hommes, de son génie ! Dette immense !

L’Art d’aujourd’hui, prenons le risque de le dire, s’est livré à une véritable guerre contre la culture, conte le monde, contre lui-même…

Je vous propose cette petite introduction : « Pour le meilleur, – et parfois le pire, l’Historicité est au coeur de l’Art occidental. Elle le traverse, le secoue, le remue en tous sens, au même titre que toutes les formes culturelles qui ont tour à tour exprimé cette civilisation du Moyen Age (si près de l’Islam…) au monde contemporain si éloigné de ses sources, de sa mémoire, de ses racines qu’il faut pour les déchiffrer que les meilleurs analystes chaussent les lunettes de l’anthropologue !

Pour rendre compte de ce génie de tout un monde jamais en repos, André Malraux parlait de « métamorphose», de la métamorphose comme loi secrète et irrationnelle à la fois de la création et du regard : de la création puisque les oeuvres passent d’une forme à d’autres, incompatibles ; du regard, puisque nous oublions les unes pour en ressusciter d’autres, que le sommeil des hommes avaient oubliées.
Et en effet, ce terme qui semble poétiquement fidèle au chant mystérieux des voix qui réaccordent, de façon tout à fait inattendue, une oeuvre romane à un masque africain (merci Picasso !) me semble préférable à la dure loi, à la loi si rationnelle de la dialectique hégélienne.

Et cependant, la radicalité des innovations puis des révolutions artistiques depuis quelque 150 ans est telle qu’un terme plus « dramatique» me semble préférable. Aussi parlé-je volontiers de crises. À l’approche presque orientale de l’impermanence des formes chère à Malraux, il me semble préférable d’évoquer un phénomène plus violent.

L’Art d’aujourd’hui, prenons le risque de le dire, s’est livré à une véritable guerre contre la culture, conte le monde, contre lui-même, dans une crise interminable des différences fondatrices dont René Girard s’est fait l’admirable analyste. Nous sommes entrés depuis un siècle dans une lente crise mimétique de la destruction. Que dit-elle ? Que tout un monde ne s’aime plus !